Consolider cette paix qui nous appartient

Le 25 octobre 2015, le peuple ivoirien élisait le Président Alassane Ouattara pour un second mandat, à l’issue d’un scrutin jugé libre et équitable par l’Union africaine (UA) et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Par ailleurs, cette élection a été en grande partie dépourvue de la violence qui avait accompagné les scrutins précédents de 2000 et 2010.
Cela fait moins de cinq ans que la Côte d’Ivoire s’est sortie d’une décennie de conflit et de troubles, imputables à la fois à des différends politiques et à des tensions ethno-communales, qui avait conduit à la crise postélectorale de 2010-2011. Le refus du Président de l’époque, Laurent Gbagbo, de reconnaître la victoire de Ouattara à l’élection de 2010 s’était soldé par un conflit armé durant lequel au moins 3 000 civils avaient été tués et plus de 150 femmes violées, de graves atteintes aux droits humains ayant été commises par les deux parties.
À l’approche de l’élection du mois d’octobre, le Président Ouattara a axé sa campagne sur la promesse de consolider la paix et la sécurité et de prendre des mesures pour que les citoyens ivoiriens ordinaires puissent bénéficier de la croissance économique du pays. Afin de préserver la Côte d’Ivoire du conflit et de l’instabilité qui ont caractérisé le pays pendant tant d’années, le gouvernement du Président Ouattara devrait profiter de son second mandat pour veiller à l’accomplissement de progrès primordiaux en matière de renforcement de l’État de droit et résoudre les problèmes profonds à l’origine de la violence du passé.
Lors de trois missions de recherche menées en octobre 2014 et mai et juillet 2015, Human Rights Watch a évalué les progrès réalisés par le gouvernement pour venir à bout des problèmes hérités du passé violent du pays, et interrogé les Ivoiriens sur les principales priorités des cinq prochaines années en matière de droits humains. Human Rights Watch a ainsi mené des entretiens avec plus de 200 victimes d’atteintes aux droits humains, des agents du gouvernement local et des chefs traditionnels, des juristes et des magistrats ivoiriens, des membres des forces de sécurité, des organisations nationales et internationales de la société civile, des défenseurs des droits humains, des organisations humanitaires, des journalistes, des agents des principaux ministères et des diplomates et des agents des Nations Unies (ONU) et d’institutions financières internationales.